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Recette traditionnelle du Koshari (كشري) égyptien – Plat national aux racines pharaoniques et influences méditerranéennes
Recette traditionnelle du Koshari (كشري) égyptien – Plat national aux racines pharaoniques et influences méditerranéennes
Anecdotes / Proverbes
Arabe ancien rural
قال الفلاح المصري: «العدس للغني دواء، وللفقير عَشاء»
«Les lentilles sont un remède pour le riche, un dîner pour le pauvre.»
Cette maxime illustre la place essentielle des légumineuses dans l’équilibre alimentaire, aussi bien dans les maisons nobles que dans les chaumières du Delta.
Egyptien copte tardif
Ⲧⲉⲛⲙⲟⲩ ⲛⲧⲉ ⲛⲟϩ ⲛⲁⲩ ⲉⲧⲣⲟⲩⲙⲉ ⲡⲁϩⲟⲩ —
«Nous vivons du pain et du grain que nous bénissons.»
Cette phrase, retrouvée dans un texte copte du IVᵉ siècle, rappelle la sacralisation des céréales dans les rituels agraires de Haute-Égypte.
Proverbe nilotique ancien
قالوا على ضفاف النيل: «من بَذَرَ في الطين، جَنَى اليقين» —
«Celui qui sème dans la boue récolte la certitude.»
Un proverbe agricole faisant allusion à la fertilité du limon du Nil, qui garantissait des récoltes abondantes de riz et de blé, base de plats tels que le Koshari antique.
Arabe dialectal égyptien, populaire
«الكشري يجمع الناس على طبق واحد» —
«Le Koshari réunit tout le monde dans un même plat.»
Expression populaire contemporaine, utilisée au Caire pour évoquer la convivialité et la mixité sociale qu’incarne ce plat national.
Inspiration pharaonique
Sur les murs du temple de Dendérah, on retrouve des scènes de repas communautaires où les prêtres partagent du pain, des lentilles et des herbes. Ces représentations témoignent de l’importance du repas collectif — une tradition que le Koshari perpétue encore aujourd’hui sous une autre forme.
Légende
Selon la tradition populaire, le Koshari serait né sur les chantiers du temple de Louxor, à une époque où les ouvriers, issus de différentes régions d’Égypte, partageaient leurs repas à la fin de la journée. Manquant souvent de viande, ils auraient eu l’idée de rassembler dans un grand pot commun les restes de riz, de lentilles et de pois chiches, agrémentés d’un peu de pâte et d’oignons frits. Ce plat improvisé, né de la fraternité du labeur, serait devenu au fil du temps un symbole d’unité et de solidarité entre les classes populaires. Il traversa les siècles pour devenir le plat national égyptien, servi aussi bien dans la rue que dans les foyers, rappelant les racines humbles et collectives du peuple égyptien.
الأسطورة (Al-Usṭūra)
وفقًا للتقاليد الشعبية، وُلِد الكشري في مواقع بناء معبد الأقصر، عندما كان العمّال من مختلف مناطق مصر يتشاركون طعامهم في نهاية اليوم. وبسبب نقص اللحوم، جمعوا ما تبقّى لديهم من أرز وعدس وحمص في قدرٍ واحد كبير، وأضافوا إليه القليل من المعكرونة والبصل المقلي. هكذا وُلد طبق بسيط من رحم التعب والوحدة، أصبح رمزًا للتضامن والمشاركة بين الناس. ومع مرور الزمن، تحوّل الكشري إلى الطبق الوطني لمصر، يُقدَّم في الشوارع كما في البيوت، ليذكّر المصريين دومًا بجذورهم المتواضعة وروحهم الجماعية.
Découvrez la recette traditionnelle du Koshari (كشري), plat national égyptien inspiré des racines pharaoniques et des saveurs méditerranéennes.
Pays / Région
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Pays : Égypte
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Région : Vallée du Nil, Le Caire
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Évolution de la recette :
D’un plat rituel pharaonique à base de céréales et de légumineuses, le Koshari est devenu au XIXᵉ siècle un plat populaire, enrichi par les influences italiennes (pâtes) et levantines (sauce tomate épicée).
Historique
Le Koshari (كشري), plat emblématique de la cuisine égyptienne, plonge ses racines dans les traditions alimentaires de l’Égypte antique.
Les Égyptiens de l’époque pharaonique consommaient quotidiennement des plats composés de blé, de lentilles, de pois chiches, d’ail et d’oignons. Ces aliments figuraient parmi les offrandes faites à Osiris, dieu de la fertilité et de la renaissance, et symbolisaient la force vitale du Nil.
Des jarres de grains et de légumineuses ont été retrouvées dans les tombes de Thèbes et de Saqqarah, confirmant leur rôle central dans l’alimentation et la spiritualité égyptiennes. Ces plats simples et nourrissants représentaient la prospérité et la renaissance.
Sous les dominations grecque et romaine, ces préparations s’enrichissent d’huile d’olive et d’herbes. À l’époque arabo-islamique, les mélanges de céréales et de légumineuses deviennent courants pendant le jeûne du Ramadan.
Au XIXᵉ siècle, le Caire cosmopolite voit naître le Koshari moderne :
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Les pâtes sont introduites par les Italiens installés en Égypte vers les années 1860, durant la période de forte présence commerciale italienne à Alexandrie et au Caire.
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La sauce tomate apparaît dans les années 1880, issue des influences levantines et méditerranéennes, notamment apportées par les marchands syriens et libanais.
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L’ensemble du plat se structure entre 1910 et 1920, époque où le Koshari devient un mets de rue prisé dans les quartiers populaires du Caire.
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Dans les années 1940, il s’impose comme symbole culinaire d’unité nationale, consommé par toutes les classes sociales, du travailleur au fonctionnaire.
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Depuis les années 2000, le Koshari connaît un renouveau gastronomique, revisité par de jeunes chefs égyptiens qui le déclinent en versions modernes, épicées ou végétaliennes.
Recette emblématique de huit chefs
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Chef Fathi Abdel Salam (Le Caire, 1928) : codifie la version populaire servie dans les restaurants urbains, en fixant les proportions exactes de riz, lentilles, pâtes et pois chiches, tout en conservant le caractère simple et nourrissant du plat.
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Chef Youssef El-Attar (Alexandrie, 1956) : introduit la version plus épicée, garnie d’oignons frits et d’une sauce tomate relevée au piment et à l’ail, reflétant l’influence méditerranéenne du nord égyptien.
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Chef Hoda El-Shennawi (Le Caire, 1998) : propose une version gastronomique du Koshari avec riz basmati, huile de cumin et réduction de tomate au vinaigre de dattes, servant le plat dans des portions raffinées et équilibrées.
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Chef Mahmoud El-Kabbani (Louxor, 1972) : revisite la recette originelle en restaurant la version des ouvriers du temple, préparée au feu de bois et agrémentée de coriandre fraîche et de jus de citron.
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Chef Samira Abdel Latif (Assiout, 1985) : crée une interprétation végétalienne contemporaine, remplaçant l’huile de friture traditionnelle par de l’huile d’olive pressée à froid et des oignons confits à basse température.
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Chef Karim Ben Nasser (Gizeh, 2003) : modernise la présentation en servant le Koshari en couches distinctes — riz, lentilles, pâtes, pois chiches — surmontées d’un espuma de tomate et d’oignons caramélisés.
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Chef Layla Mansour (Port-Saïd, 2010) : apporte une touche maritime en intégrant une réduction légère de citron noir et une pointe de coriandre séchée, inspirée des saveurs côtières égyptiennes.
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Chef Omar El-Haddad (Le Caire, 2020) : fusionne tradition et innovation en créant un Koshari revisité façon « street-food de luxe », avec un dressage en verrine chaude et une sauce tomate infusée au paprika fumé.
Descriptif de la recette
Le Koshari est un plat végétarien complet associant riz, lentilles, pois chiches, pâtes et sauce tomate épicée.
Il se distingue par la superposition harmonieuse des textures : le moelleux du riz, la fermeté des légumineuses et le croustillant des oignons frits. L’équilibre des saveurs entre douceur, acidité et chaleur épicée en fait un plat à la fois rustique et raffiné, emblématique de la cuisine populaire égyptienne.
Ingrédients
(pour 6 portions professionnelles)
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Riz long grain : 500 g
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Lentilles vertes : 300 g
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Pois chiches cuits : 200 g
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Pâtes (macaronis ou vermicelles) : 250 g
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Oignons jaunes : 4 gros (en fines rondelles)
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Huile de tournesol : 100 ml
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Huile d’olive : 50 ml
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Ail frais : 5 gousses
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Cumin moulu : 2 c. à café
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Coriandre moulue : 1 c. à café
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Cannelle : ½ c. à café
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Tomates fraîches pelées : 800 g
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Concentré de tomate : 50 g
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Sel fin : QS
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Poivre noir : QS
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Miel : 1 c. à soupe (facultatif, pour rappeler la douceur antique)
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Jus de citron frais : 20 ml
Description professionnelle de la préparation
Temps de préparation : 45 minutes
Temps de cuisson : 1 h 10
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Mise en place :
Laver séparément riz, lentilles et pois chiches. Égoutter soigneusement.
Émincer les oignons en rondelles régulières.
Écraser l’ail au mortier. -
Cuisson des éléments :
Cuire les lentilles dans 4 volumes d’eau salée à 90 °C pendant 25 minutes. Égoutter.
Cuire le riz par absorption (rapport 1:1,5).
Cuire les pois chiches trempés 12 h, pendant 1 h 10 à 95 °C.
Cuire les pâtes al dente, refroidir à l’eau claire et huiler légèrement. -
Sauce tomate épicée :
Faire suer l’ail dans l’huile d’olive, ajouter les tomates et le concentré.
Incorporer cumin, coriandre, cannelle, sel et poivre.
Laisser réduire 20 minutes à feu doux. -
Oignons frits :
Chauffer l’huile à 160 °C. Frire les oignons jusqu’à brun doré. Égoutter sur papier absorbant. -
Assemblage :
Superposer dans un plat chaud : riz, lentilles, pâtes, pois chiches.
Napper de sauce tomate. Garnir d’oignons frits et d’un filet de jus de citron.
Versions / Variantes régionales
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Version alexandrine : plus pimentée, relevée de sauce tomate au piment rouge et de vinaigre de dattes, avec une texture légèrement plus humide. Cette version est souvent servie avec un filet de jus de citron vert et davantage de pois chiches.
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Version cairote : sans miel ni vinaigre sucré, mais très riche en oignons frits croustillants. Le riz y est plus ferme et la sauce tomate plus concentrée, offrant une saveur intense et légèrement caramélisée.
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Version de Haute-Égypte (Saïd) : préparée avec du blé concassé ou du riz brun, plus rustique, et parfumée au cumin noir. Souvent servie en grand plat familial lors des repas communautaires.
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Version bédouine du Sinaï : intègre des lentilles rouges et une touche de coriandre séchée. Le plat est cuit dans une grande marmite de fonte sur feu de bois, donnant un goût fumé caractéristique.
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Version moderne gastronomique : réalisée avec riz basmati infusé au cumin, sauce tomate concentrée au vinaigre de dattes, oignons caramélisés et présentation en dôme. Parfois servie avec une émulsion légère de pois chiches et une huile parfumée au paprika doux.
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Version de Port-Saïd : influencée par la cuisine maritime, elle incorpore une réduction de citron noir et des herbes fraîches, notamment la menthe et la coriandre.
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Version végétalienne contemporaine : allégée en friture, avec des oignons confits lentement au four, de l’huile d’olive et une sauce tomate au paprika fumé.
Astuces et conseils
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Frire les oignons en deux temps (pré-cuisson à 140 °C, dorure à 170 °C) pour un meilleur croustillant.
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Ne pas mélanger tous les éléments avant le service afin de préserver les textures distinctes.
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Réchauffer lentilles et pois chiches séparément à la vapeur avant dressage pour conserver leur fermeté.
Service
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Dressage rustique : en bol ou assiette creuse, avec sauce versée à la louche.
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Version gastronomique : dressage en cercle inox avec couches distinctes et finition d’oignons frits.
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Accompagnements : salade verte, citron frais, sauce piquante.
Vins et boissons préconisées
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Vin égyptien conseillé : Beausoleil Rosé de Gianaclis, léger et fruité.
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Alternative sans alcool : infusion froide de karkadé (hibiscus) légèrement sucrée.
Fiche nutritionnelle (par portion de 350 g)
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Valeur énergétique : 520 kcal / 2175 kJ
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Lipides : 12 g
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Glucides : 85 g
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Protéines : 18 g
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Fibres : 9 g
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Allergènes : gluten (pâtes, blé)
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Adaptations possibles : version sans gluten avec riz complet et lentilles corail.
Glossaire
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Suer : cuire doucement dans un corps gras sans coloration.
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Cuisson par absorption : technique où le riz absorbe totalement l’eau de cuisson.
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QS (quantité suffisante) : dosage selon goût ou besoin.
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Dôme : montage circulaire en volume, typique des présentations gastronomiques.
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Mortier : ustensile de pierre ou de marbre utilisé pour broyer les épices et l’ail.