Recette traditionnelle du Khanom Chan (ขนมชั้น) thaïlandais – dessert en couches de riz gluant symbole d’amour réincarné
Recette traditionnelle du Khanom Chan (ขนมชั้น) thaïlandais – dessert en couches de riz gluant symbole d’amour réincarné
Anecdote (thaï ancien traditionnel)
"ขนมชั้นเปรียบดังความรักที่ไม่สิ้นสุด – ยิ่งแบ่ง ยิ่งหวาน ยิ่งห่าง ยิ่งคิดถึง"
(Khanom Chan prīap dang khwām rák thī mai sin sut – ying baeng ying wan, ying hàang ying khít thueng)
« Le Khanom Chan est semblable à l’amour qui ne s’éteint jamais – plus on le partage, plus il devient doux, plus on s’éloigne, plus il manque. »
Dans les villages anciens du Siam, on disait que lorsqu’un couple s’aimait sincèrement, ils devaient préparer ensemble un Khanom Chan à neuf couches, en silence et à la lueur d’une lampe à huile. Chaque couche représentait une promesse : respect, tendresse, fidélité, patience, confiance, gratitude, espoir, joie et enfin réincarnation.
Selon la tradition, si les couches cuisaient de manière uniforme, leur amour traverserait les vies futures. Si une couche se fissurait, cela signifiait que le destin les séparerait avant la prochaine existence. Ce rituel, transmis de génération en génération, faisait du Khanom Chan non seulement un dessert, mais aussi une offrande d’âme et de cœur.
อักษรไทยโบราณ (thaï ancien littéraire)
ในหมู่บ้านสยามครั้งเก่าก่อน มีคำกล่าวสืบต่อกันมาว่า
“เมื่อชายหญิงรักกันด้วยใจจริง จงร่วมกันทำขนมชั้นเก้าชั้น ด้วยความสงบ ณ แสงตะเกียงน้ำมัน”
แต่ละชั้นนั้นเปรียบดั่งคำสัตย์สัญญา —
ชั้นแห่งความเคารพ ชั้นแห่งความอ่อนโยน ชั้นแห่งความซื่อสัตย์
ชั้นแห่งความอดทน ชั้นแห่งความไว้วางใจ ชั้นแห่งความกตัญญู
ชั้นแห่งความหวัง ชั้นแห่งความยินดี และชั้นสุดท้ายคือการเวียนว่ายกลับมาเกิดใหม่ในความรักเดิม
ตามประเพณีโบราณ หากขนมทั้งเก้าชั้นนั้นสุกเสมอกันดี
ย่อมหมายถึงความรักจะข้ามภพข้ามชาติไปได้โดยไม่เสื่อมคลาย
แต่หากชั้นใดแตกร้าว นั่นคือสัญญาณว่าโชคชะตาจะพรากทั้งสองให้จากกันก่อนภพหน้า
พิธีนี้สืบทอดจากบรรพบุรุษนับศตวรรษ ทำให้ “ขนมชั้น” มิได้เป็นเพียงของหวาน
แต่คือเครื่องบูชาวิญญาณแห่งความรักและหัวใจที่ผูกพันนิรันดร์
Légende
Sous le règne du roi Narai, vivait la princesse Khamkaeo, célèbre pour sa beauté et sa sagesse. Elle tomba éperdument amoureuse d’un jeune jardinier nommé Chanta, dont la seule richesse était la pureté du regard. Leur amour, dissimulé dans les jardins du palais, fleurissait parmi les lotus et les fleurs de pandanus.
Un soir, alors qu’ils se retrouvaient en secret, Khamkaeo créa pour lui un gâteau inédit : un dessert de riz gluant et de lait de coco disposé en neuf couches, symbole de l’ascension vers un amour parfait. Le vert du pandan représentait la vie, le blanc du coco, la pureté.
Mais leur secret fut découvert. Le roi, furieux de cette union interdite, ordonna leur exécution. Avant de mourir, Khamkaeo murmura :
"หากเราตายไป ขอให้วิญญาณเรากลับมาในรสหวานนี้"
(“Si nous mourons, que nos âmes reviennent dans cette douceur.”)
Depuis, la légende raconte que leurs âmes se réincarnèrent dans les couches successives du Khanom Chan, unies à jamais dans la douceur sucrée du lait de coco et la tendresse du riz.
Ainsi, chaque fois qu’on goûte à ce dessert, on dit que l’on perçoit la tendresse de Khamkaeo et la loyauté de Chanta — un amour renaissant à chaque bouchée, au-delà de la mort et du temps.
Méta-description
Découvrez la recette traditionnelle du Khanom Chan thaïlandais, un dessert en couches de riz gluant et lait de coco, symbole d’amour réincarné.
Pays / Région
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Pays : Thaïlande (ancien Royaume du Siam)
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Région : Centre du pays, Bangkok et Ayutthaya
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Évolution de la recette :
Autrefois réservée aux cérémonies royales, la recette a évolué avec l’usage de colorants naturels (pandan, betterave, taro) et la modernisation des textures à la vapeur. Aujourd’hui, elle se décline en versions festives multicolores, symbole de prospérité.
Historique
Le Khanom Chan (ขนมชั้น), littéralement “dessert en couches”, trouve ses origines dans les cuisines royales du Siam au XVIIᵉ siècle, sous le règne du roi Narai le Grand (สมเด็จพระนารายณ์มหาราช). Ce dessert raffiné symbolisait la hiérarchie et la prospérité : chaque couche représentant un échelon de réussite et de vertu.
Au fil du temps, cette douceur s’est diffusée dans tout le pays, intégrant les fêtes bouddhistes, les mariages et les offrandes votives, le chiffre neuf (kao – เก้า) étant symbole de chance et de continuité.
Huit chefs thaïlandais et maîtres pâtissiers ont contribué à façonner et sublimer cette recette à travers les siècles :
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Khrua Bunsri (ครัวบุญศรี – Khrua Bun-sri), Bangkok, XIXᵉ siècle : codifie la version royale à neuf couches parfumée au pandan, destinée aux offrandes des temples et aux banquets du palais.
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Chef Arun Suksawat (อรุณ สุขสวัสดิ์ – Arun Suksawat) : introduit l’usage de colorants floraux naturels (fleur de pois papillon, lotus, curcuma) et perfectionne la brillance des couches par un nappage à la vapeur douce.
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Chef Chumpol Jangprai (ชุมพล แจ้งไพร – Chumpol Jangprai), époque moderne : revisite le dessert en version de haute pâtisserie, avec infusions de coco, jasmin et réduction de pandan frais, tout en respectant la texture originelle.
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Mae Khrua Wanthong (แม่ครัววันทอง – Mae Khrua Wanthong), époque d’Ayutthaya, XVIIIᵉ siècle : première à documenter la recette dans un manuscrit culinaire royal, associant chaque couche à une vertu morale.
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Chef Phayom Thongsiri (พยอม ทองศิริ – Phayom Thongsiri), début XXᵉ siècle, région de Suphanburi : adapte la recette aux ingrédients ruraux — farine de riz local, lait de coco artisanal et cuisson sur braises couvertes dans des paniers de bambou.
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Chef Kannika Phusit (กรรณิการ์ ภูษิต – Kannika Phusit), Chiang Mai, milieu XXᵉ siècle : crée la version septentrionale au lait de soja et à la fleur de cananga, adoucie par la roselle.
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Chef Vichit Mukura (วิชิต มุกุระ – Vichit Mukura), Bangkok, XXIᵉ siècle : intègre le Khanom Chan dans la gastronomie thaïlandaise contemporaine, présenté en mini-portions lors de menus dégustation raffinés.
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Chef Pailin Chongchitnant (ไพลิน จงจิตต์นันท์ – Pailin Chongchitnant), époque actuelle : popularise la recette à l’international à travers une approche pédagogique et accessible, reliant tradition et modernité.
Descriptif de la recette
Le Khanom Chan est un entremets à base de farine de riz gluant, farine de tapioca et lait de coco, cuit vapeur couche après couche. Sa texture élastique et fondante, associée à un parfum subtil de pandanus, évoque la douceur et la pureté. Traditionnellement découpé en carrés ou en fleurs de lotus, il se sert froid, accompagné de thé au jasmin.
Ingrédients (pour 8 personnes)
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Farine de riz gluant : 250 g
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Farine de tapioca : 150 g
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Sucre de palme : 220 g
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Lait de coco épais : 500 ml
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Eau parfumée au pandan : 200 ml
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Sel fin : 1 pincée
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Colorant naturel (jus de pandan, taro, betterave, curcuma selon les couches)
Préparation (professionnelle détaillée)
Temps total : 1 h 30
Cuisson vapeur : 45–60 min
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Préparation de la base
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Tamiser les farines.
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Chauffer légèrement le lait de coco avec le sucre et le sel sans ébullition (≤ 85 °C).
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Verser lentement sur les farines, mélanger au fouet jusqu’à texture lisse et homogène.
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Division et coloration
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Séparer en 2 ou 3 bols selon les teintes souhaitées (pandan vert, nature blanc, taro violet).
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Ajuster la consistance : fluide mais nappante.
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Cuisson par couches
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Huiler légèrement un moule carré inox (20 × 20 cm).
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Verser la première couche (environ 3 mm d’épaisseur).
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Cuire à la vapeur 5–7 min jusqu’à prise.
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Répéter jusqu’à 9 couches, en alternant les couleurs.
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Laisser refroidir 2 h avant de démouler.
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Finition
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Découper en losanges réguliers (4 × 4 cm) à l’aide d’un couteau légèrement huilé.
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Lustrer avec un voile de lait de coco tiède pour brillance.
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Normes de sécurité
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Maintenir une température vapeur stable à 100 °C.
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Utiliser du lait de coco pasteurisé.
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Respecter les règles HACCP pour la conservation : ≤ 4 °C, 48 h maximum.
Versions / Variantes régionales
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Version du Sud (Phuket – ขนมชั้นภูเก็ต / Khanom Chan Phuket) : enrichie de farine de haricot mungo (ถั่วเขียว – Thua Khiao) et parfumée à la fleur de cananga (กระดังงา – Kradangnga), cette version plus dense et onctueuse était traditionnellement servie lors des cérémonies de mariage sino-thaïes.
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Version moderne (ขนมชั้นสามสี / Khanom Chan Sam Si) : déclinaison tricolore combinant le vert du pandan (ใบเตย – Bai Toei), le rose du lotus (ดอกบัว – Dok Bua) et le jaune du curcuma (ขมิ้น – Khamin), représentant respectivement la vitalité, la pureté et la prospérité.
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Version royale d’Ayutthaya (ขนมชั้นหลวงอยุธยา / Khanom Chan Luang Ayutthaya) : composée uniquement de neuf couches vertes, symbole de longévité et de pureté, servie à la cour royale lors des offrandes au roi Narai et aux moines du palais.
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Version du Nord (Chiang Mai – ขนมชั้นล้านนา / Khanom Chan Lanna) : aromatisée au lait de soja et à la fleur de cananga sauvage, légèrement moins sucrée, souvent façonnée dans des moules en bois gravés représentant des symboles protecteurs.
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Version de l’Est (Chanthaburi – ขนมชั้นจันทบุรี / Khanom Chan Chanthaburi) : intègre la fleur de pois papillon (อัญชัน – Anchan) pour une teinte bleu saphir, parfois rehaussée d’une touche d’essence de durian local.
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Version du Nord-Est (Isan – ขนมชั้นอีสาน / Khanom Chan Isan) : utilise une farine de riz gluant légèrement grillée et un lait de coco fermenté, donnant une note subtilement fumée et acide, spécifique à la région.
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Version de Bangkok (กรุงเทพฯ – ขนมชั้นกรุงเทพฯ / Khanom Chan Krung Thep) : raffinée et lustrée, servie en portions carrées parfaites, souvent décorée d’une feuille d’or (ทองคำเปลว – Thong Kham Plew) pour les cérémonies religieuses bouddhistes.
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Version végétalienne contemporaine (ขนมชั้นมังสวิรัติ / Khanom Chan Mangsawirat) : réalisée sans lait de coco animal, remplacé par du lait de riz et du sucre de palme clair, pour une texture plus légère adaptée aux régimes modernes.
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Version florale de Hua Hin (หัวหิน – ขนมชั้นหัวหิน / Khanom Chan Hua Hin) : délicatement parfumée au jasmin royal (มะลิหลวง – Mali Luang), servie dans les hôtels de prestige de la côte ouest, symbole d’harmonie et de raffinement.
Astuces et conseils
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Ne pas trop cuire chaque couche : la vapeur doit juste figer la pâte, sinon la texture devient caoutchouteuse.
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Utiliser du pandan frais pour un arôme authentique.
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Conseil du chef : filtrer chaque préparation avant cuisson pour obtenir des couches parfaitement lisses.
Service
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Dressage gastronomique : en carrés transparents alternant les couleurs, sur assiette noire laquée, décor feuille de bananier.
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Accompagnements classiques : thé au jasmin, infusion de citronnelle ou lait de coco glacé.
Vins et boissons préconisées
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Boisson locale : thé glacé au pandan ou au lait de coco.
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Accord moderne : vin moelleux thaï (Monsoon Valley Chenin Blanc Late Harvest).
Fiche nutritionnelle (pour 100 g)
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Énergie : 230 kcal (960 kJ)
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Lipides : 7,5 g
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Glucides : 38 g
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Protéines : 2 g
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Fibres : 0,8 g
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Allergènes : coco
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Adaptations : sans gluten naturellement, compatible végétarien et végan.
Glossaire
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Pandan (ใบเตย) : plante tropicale aromatique utilisée pour parfumer les desserts.
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Khanom : terme générique thaï signifiant “friandise” ou “dessert”.
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Cuisson vapeur : méthode douce permettant une gélification homogène sans brunissement.
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Tapioca : fécule extraite du manioc, conférant élasticité et brillance aux préparations.